Un huis-clos captivant
Le talentueux duo créateur de la série The Americans adopte le format minisérie pour théoriser sur la psychanalyse et la judéité avec The patient. Un huis-clos suffocant, parfaitement découpé en dix épisodes d’une trentaine de minutes. Épisodes serrés, froids et glaçants, dans une mise en scène ayant recours au hors champ pour mieux ciseler une anxiété au scalpel. Dans un face-à-face qui peut rappeler Misery le roman de Stephen King, la conversation qui se noue entre un thérapeute et un tueur en série embrasse un champ bien plus vaste que le seul suspense relatif à la survie ou non du premier. Depuis Foxcatcher, on savait que le registre de Steve Carell s’étendait bien au-delà de la comédie. Avec ses dix épisodes presque tout entiers voués au dévoilement de la psyché de ses deux personnages, The Patient lui permet d’entrer dans les moindres détails de la personnalité de ce thérapeute, ce qu’il fait avec une virtuosité et une intensité inouïes. Domhnall Gleeson, fils de l'excellent Brendan Gleeson que l'on peut voir actuellement dans Les Banshees d'Inisherin, parvient à préserver l'humanité de son personnage sans jamais défendre son aspect sociopathe. Il en fait un garçon gauche, immature, dépourvu de la démesure ou de la séduction que la fiction prête souvent aux tueurs en série. Ce thriller aux accents philosophiques est une histoire fine et crue, qui explore l’âme humaine jusque dans ses tréfonds et sait entretenir le suspense, grâce à une mise en scène intelligente et deux acteurs impressionnants.
The patient est à voir ici sur Disney + pour 8,99 €, abonnement d'un mois sans engagement.