Un bel équilibre entre légèreté et émotion
Par un jeu d’équilibriste extrêmement fin, Ann Sirot et Raphaël Balboni, dont c'est le premier long-métrage, abordent la maladie d'Alzheimer avec autant de rigueur que de fantaisie. En effet, les cinéastes belges, couple à la ville, filment avec humour et sans pathos l’irruption de la maladie dans une vie qui semblait sur les rails. Inspiré du vécu de ce duo, dont l'un des parents en a été victime, Une vie démente suit un couple de jeunes amoureux que la maladie envoie valser dans le décor, dans un récit dynamique, tenant à distance le chantage aux larmes. Le film qui s'ouvre sur la possibilité d’une parentalité classique devient le parcours d’une parentalité inversée. Tout du long, les cinéastes égaient leur mise en scène d'un léger décalage et de petites touches d'excentricité, par exemple en recourant à une palette monochrome à la Wes Anderson ou une stylisation pop art. Lauréat de sept Magritte, l'équivalent des Césars en Belgique, le film est à la fois élégant et attachant grâce à une fantaisie de chaque instant, aussi présente dans l’écriture et la poésie des séquences parfois improvisées, que dans une mise en scène précise et audacieuse. Le trio de comédiens est très juste, avec à sa tête Jo Deseure, dont l'intelligence du jeu et la manière dont elle retranscrit la maladie sont très touchantes.
Une vie démente est à voir ici pour 2,99 € en location.