Portrait au vitriol d’une Amérique sexiste

Publié le par Michel Monsay

Portrait au vitriol d’une Amérique sexiste

Cette minisérie revient sur la divulgation en 1995 des ébats entre la sirène d’Alerte à Malibu et son rockeur de mari. Malgré son sujet scabreux, Pam et Tommy est la plupart du temps un modèle de délicatesse et d'intelligence. L’élégance avec laquelle est filmée Lily James, dans le rôle de Pamela Anderson, compte d’ailleurs pour beaucoup dans le charme de la série, qui raconte en huit épisodes le scandale de la sextape dérobée au couple qu’elle formait alors avec le batteur de Mötley Crüe, Tommy Lee. Médias, show-business, justice… toutes les institutions mêlées à un moment ou à un autre à cette sombre affaire en prennent férocement pour leur grade, et l’intérêt de la série est de parvenir à faire du spectacle de cette médiocrité un divertissement addictif. Cela tient évidemment à sa réalisation turbulente, mais aussi à l'interprétation des deux personnages centraux, loin de l'imitation désincarnée, tous les deux apportent une sensibilité à ceux qu'ils interprètent qui rend leur relation crédible et attendrissante, aussi exubérante soit-elle. Mention spéciale à Lily James, derrière la perruque blonde, le maquillage et les prothèses, l'actrice britannique est éblouissante en Pamela Anderson, intelligente, vulnérable, rêveuse. Elle nous offre une relecture de cette jeune Canadienne à la candeur envoutante, qui a vu son corps utilisé et transformé en un objet de désir par les hommes, puis sa vie privée être volée, vendue, exposée, partagée et commentée à travers le monde. Et lorsqu'avec toute son énergie, elle entame un combat judiciaire perdu d'avance durant lequel elle est constamment rabaissée et humiliée, jusqu'à se retrouver dos au mur, la douleur qu'elle cache derrière son sourire éclatant est aussi profonde que déchirante. Cette mini-série dresse un constat amer et toujours pertinent d'une Amérique misogyne où les femmes sont adulées pour leurs courbes et le fantasme qu'elles inspirent, mais jugées et condamnées quand elles affirment leur émancipation et leur liberté sexuelle. Sans refaire l'histoire, mais en disant la vérité telle qu'elle est, Pam et Tommy parvient à réhabiliter une victime du patriarcat, aux antipodes de la caricature de bimbo qui lui colle encore à la peau vingt-cinq ans plus tard.

Pam et Tommy est à voir ici en vous abonnant à Disney+ pour un mois sans engagement à 8,99 €.

Publié dans replay

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