Un puissant réquisitoire contre la privatisation de la santé aux États-Unis
Jusqu’à maintenant, Tobias Lindholm était surtout connu comme coscénariste, notamment de Drunk, ou de la série Borgen, même s'il avait déjà réalisé trois films dont Hijacking et A War, mais en nous racontant l’histoire vraie de Charles Cullen, un infirmier qui a commis des dizaines, voire des centaines de meurtres, le cinéaste danois livre un récit glaçant, qui en dit long sur le système de santé américain. Le sensationnalisme n'a pas sa place ici, et c'est tout à l'honneur du réalisateur que de redonner via la fiction une perspective humaine à cette histoire sordide. Pour interpréter ce tueur en série, il a fait appel à Eddie Redmayne, Oscar du meilleur acteur en 2015 pour son incarnation de Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, l'acteur britannique ajoute un nouveau rôle à sa filmographie déjà très dense, dont la froideur inquiétante risque de rester longtemps dans les mémoires des spectateurs. À ses côtés, une autre actrice oscarisée, la toujours excellente Jessica Chastain. Plus que le portrait de ce criminel en gants de soignant, ce thriller américain passionne par sa mise à nu du système hospitalier américain : Plutôt couvrir un meurtrier que passer pour un établissement à bavures et à problèmes qui va perdre du crédit. Le virer discrètement, mais faire opposition à toute possible enquête policière. Pas vu, pas pris. Pas de vagues. Mourir n’est rien par rapport à un système de notations qui pourrait partir à la baisse. Si le profit n’était pas mêlé à ce point à la santé aux États-Unis, Charles Cullen aurait été arrêté plus tôt. Ce thriller sombre et ambitieux, qui fait partie du catalogue cinéma de Netflix, est un argument de choc pour s'abonner à la plateforme, au même titre que The power of the dog ou The lost daughter.
Meurtres sans ordonnances (The good nurse) est à voir sur Netflix.