Shigeru Ban, l'architecte humaniste
L'architecte japonais de 64 ans, Shigeru Ban, lauréat en 2014 du prestigieux Prix Pritzker, le Nobel de l'architecture, à qui l'on doit notamment le Centre Pompidou de Metz et la Seine Musicale sur l'île Seguin de Boulogne-Billancourt, vient une nouvelle fois en aide à des réfugiés avec son ONG. Conseiller depuis 1995 du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Shigeru Ban a développé tout un volant de solutions d’hébergements d’urgence et de bâtiments temporaires pour intervenir dans le monde entier. À Paris, à deux pas de la gare de l’Est où arrivent les trains d’Ukraine, dans le gymnase Marie-Paradis mais aussi dans une autre gymnase du XIIe arrondissement, qui servent depuis le 9 mars d’accueil d’urgence pour des femmes et des enfants fuyant la guerre, une petite installation de rien du tout mise en place mercredi 23 mars, fait toute la différence. Avant, il n’y avait que des lits de camps, quatre-vingts, alignés comme à la revue. Pour dormir, d’accord. Mais pour l’intimité, on repassera. Habitué des situations d’urgence absolue, Shigeru Ban a proposé une solution qui lui ressemble : efficace, toute simple, quasi gratuite. Comme la semaine dernière dans un supermarché désaffecté en Pologne (voir la photo ci-dessous), et comme il prévoit de le faire la semaine prochaine en Slovaquie, il est venu à Paris pour suivre le montage d’une sorte de village de quarante alvéoles. Chacune mesure 4 mètres carrés, soit l’espace pour deux lits ; les murs sont en toile (donnée par Kvadrat, un fabricant danois) et la structure en carton (mis à disposition par le cartonnier français Tupack), le tout monté par des étudiants en architecture de l’école de Versailles avec deux coups de cutter et trois bouts de scotch. Ces installations, bien qu’hyper légères, ont apaisé le lieu, rendant à ces femmes et à leurs enfants leur dignité. «Il y a quelques jours quand j’étais en Pologne, j’ai vu des femmes ukrainiennes relâcher la tension et pleurer de fatigue une fois mises à l’abri dans l’installation que nous venions de réaliser pour elles, témoigne Shigeru Ban. Elles y retrouvaient un peu d’intimité. Et l’intimité est un droit humain fondamental. Si je suis architecte, c’est pour les gens. Les rendre heureux de fréquenter de beaux lieux de culture, mais les abriter aussi en cas de malheur.» Merci Monsieur.