Une insolite romance virevoltante et vintage
Avec une collection impressionnante de chefs-d'œuvre à son actif, dont on avait plus qu'adoré le dernier en date, "Phantom thread", Paul Thomas Anderson est l'un des cinéastes dont on guette avec impatience le nouveau film. Chaque fois il nous cueille, tant par sa capacité à se renouveler, à inventer un style, un monde propre à chaque film, on ne saurait trouver dans "Licorice Pizza", personnages, ton et décors plus différents que dans "Phantom thread" ou "Magnolia" voire "The master", mais surtout pas sa virtuosité que l'on apprécie à la fois dans la mise en scène, les plans-séquence, les travellings, la direction d'acteurs. Avec cette comédie romantique situé en 1973 dans la banlieue de Los Angeles et ses formidables interprètes, il nous embarque dans un chassé-croisé amoureux traversé par une énergie juvénile, un vent de liberté et un charme certain, dont on ressort l’âme enjouée. Les deux jeunes comédiens apportent une innocence, une fraîcheur et un naturel qui contribuent pleinement à cette vitalité, leur physique atypique et l'absence de maquillage leur confère un profil loin des canons de l'industrie hollywoodienne, qui les rend plus touchants. En arrière-plan, il y a en contrepoint de l'insouciance des deux jeunes à qui tout semble possible, la gueule de bois de l’ère Nixon et du choc pétrolier que le cinéaste dépeint ironiquement. La bande originale est un pur régal avec notamment David Bowie et les Doors. Ce film, enthousiasmant à bien des égards, dresse une vision tendre et légère du Los Angeles des années 70, et déploie une grande originalité tant sur le fond que sur la forme pour nous faire croire à une histoire improbable, qui peu à peu nous apparaît évidente.