La modernité d'un grand classique
Cette nouvelle version de Madame Bovary offre une lecture inédite du chef-d'œuvre de Flaubert, plus sociétale et avec un écho contemporain. En plus de relater l'histoire d'Emma Bovary, le film nous transporte en plein cœur du procès de Gustave Flaubert, qui avait été jugé pour outrage à la moralité publique et religieuse et aux bonnes mœurs en 1857, après la publication de son ouvrage. Grâce aux nombreux allers-retours entre plaidoiries et scènes du roman qui structurent le téléfilm, Emma Bovary devient une héroïne féministe et non plus une figure de transgression. Le film évoque de nombreux thèmes qui retentissent encore dans notre époque, tels que la sexualité, le couple, la maternité, la condition de la femme, les déceptions amoureuses, les ambitions inachevées... Plus l’héroïne s’affirme, plus elle devient dangereuse aux yeux de la société. Ce qui lui vaut les attaques, réelles, du procureur Ernest Pinard, joué par Laurent Stocker, le même qui s’attaquera, quelques années plus tard, aux « Fleurs du mal », de Baudelaire. À ce jeu, Camille Métayer, interprète passionnée d’Emma Bovary, est impeccable, de même que Thierry Godard dans le rôle de son mari. La grâce enfantine de la comédienne, qu’on voit pour la première fois à l’écran, se mue petit à petit en sensualité affirmée. On réalise soudain que si Emma Bovary avait été un homme, il n’y aurait pas eu de procès, peut-être même pas de livre. Le suicide d’Emma Bovary prend le goût amer d’un féminicide, dont la société tout entière serait coupable.
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En voici un extrait très parlant :