Un suspense de haut vol
Entre thriller paranoïaque et film d'enquête, "Boîte noire" happe le regard et l’ouïe dès les premières images pour ne plus nous lâcher. Il rappelle "Le chant du loup", où là aussi le personnage central, doté d'une oreille exceptionnelle, parvenait à décrypter des sons qui échappaient aux autres. On peut penser également aux polars anxiogènes et paranos des années 70, comme "Conversation secrète" de Coppola ou "Blow out" de Brian De Palma. En nous plongeant au cœur du BEA, le bureau d'enquêtes et d'analyses de l’aviation civile qui intervient dès le moindre incident mais aussi en cas de catastrophe aérienne, le réalisateur Yann Gozlan s'appuie sur un scénario très documenté et bien construit pour entretenir un suspense haletant aux ressorts multiples. Propulsé dans un univers mystérieux et méconnu car ultra spécialisé dont le grand public se retrouve toujours exclu de fait, le spectateur se passionne immédiatement pour ce qu'il découvre à l'écran. D'autant que la réalisation, la photographie, le réalisme de l'intrigue, les lieux parfois lugubres où se déroule l'action du film contribuent à créer une tension permanente, sans parler du pouvoir d'incarnation des comédiens, à la tête desquels Pierre Niney est à nouveau impeccable. Au-delà des énormes enjeux économiques dans cet univers de l'aéronautique que le film met en lumière, il y est aussi question de la montée en puissance de l’intelligence artificielle, de l’automatisation des vols, des menaces de piratage informatique, sans oublier les causes potentielles d'un crash : erreur humaine, défaillance technique ou acte terroriste. De quoi vous dégouter de prendre l'avion ! Malheureusement toutes ces pistes font écho à des catastrophes survenues, et le film possède tous les ingrédients pour justement brouiller les pistes et nous passionner pour cette quête de vérité très efficace.