Une œuvre poignante et puissante
Réalisateur d'excellents documentaires et fictions, comme "Le Dernier Roi d’Écosse" ou "Jeux de pouvoir", Kevin Macdonald, cinéaste écossais de 53 ans, même quand il choisit de tourner dans la seconde catégorie, garde toujours un pied dans le réel. Ici encore, il adapte une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi, Mauritanien arrêté chez lui en 2001, deux mois après les attentats du 11 septembre. Le film livre une exploration précise de Guantanamo, bout de terre improbable avec ses iguanes, ses salles de torture et ses spots de surf pour GI en week-end. Ce solide film-dossier restera comme un témoignage important du début du XXIe siècle. D'une époque où l'on avait aménagé un bout d'île destiné à échapper aux droits humains et desservi par un aéroport où l'on vendait des casquettes et des mugs en souvenir de l'enfer sur terre. Ce thriller juridique et politique est un plaidoyer implacable contre les outrances américaines à Guantanamo. En parallèle, comme dans son "Dernier Roi d’Ecosse", Kevin MacDonald s’attarde sur le rapport entre le détenu, remarquablement interprété par Tahar Rahim, et son avocate déterminée, impeccable Jodie Foster, dernier lien d’humanité dans un dossier honteux pour une grande démocratie, prête à tout pour se venger en ne laissant aucune place à la nuance, et peu importe si elle se trompe.