Le manque d'ambition de la France

Publié le par Michel Monsay

Le manque d'ambition de la France

La loi Climat a été adoptée avant-hier par l’Assemblée nationale et le Sénat. Un texte qui, parce qu’il est le fruit de mille renoncements et compromis, ne permettra jamais d’atteindre les objectifs que la France s’est fixés. Un comble, alors même que l’Union européenne affiche une bien plus grande ambition. Le 14 juillet dernier, la Commission européenne entamait ce qui restera peut-être dans l’histoire comme sa révolution verte. Ce jour-là, elle dévoilait une douzaine de propositions destinées à réduire les émissions de CO2 de 55 % d’ici à 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Un Green Deal européen composé de mesures volontaristes comme la fin des voitures diesel et essence en 2035, la création d’une taxe sur le kérosène dans l’aérien et le maritime, la création d’une taxe carbone aux frontières de l’UE, ou l’objectif d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables d’ici 2050. L’Europe se pose ainsi à l’avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique avec un projet dont on peut discuter certains aspects (notamment la création d’un marché carbone pour les carburants et le chauffage, qui risque de toucher les ménages les plus modestes), mais ni l’ambition ni la finalité. Le Haut Conseil pour le climat, une instance indépendante, et le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, ont émis de sérieux doutes quant à la capacité de l’a France de respecter les engagements pris lors de l’accord de Paris de 2015. Le Conseil d’Etat lui a laissé neuf mois pour prendre « toutes les mesures utiles ». L’Etat est menacé d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre s’il n’en fait pas davantage dans la lutte contre la pollution de l’air. Le Gouvernement avait l'occasion, en reprenant vraiment les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, seules 13 des 149 propositions ont été reprises à l'identique, de remettre la France sur la bonne voie, mais malheureusement une fois de plus les lobbies l'ont emporté sur l'urgence climatique. Chaque jour, chaque année, nous détériorons un peu plus notre planète, et nous en subissons les conséquences : pics de chaleur, pandémies, effondrement de la biodiversité… Pourtant, nos dirigeants s’entêtent dans la poursuite d’une croissance illimitée, alors même que la nature nous rappelle cruellement, souvent au prix de nos propres vies, que tout à une fin. Le réchauffement climatique a de beaux jours devant lui. L’Agence internationale de l’énergie a annoncé ce mardi 20 juillet que les émissions mondiales de CO2, source première du réchauffement, devraient atteindre un niveau jamais vu d’ici 2023 et continuer de croître par la suite, au vu des trop faibles moyens consacrés aux énergies propres par les plans de relance liés au Covid. Le grand texte écolo du quinquennat était censé « tracer un nouveau chemin » (Emmanuel Macron) vers un avenir plus vert pour la France, il n’est tragiquement pas à la hauteur des enjeux alors que l’accélération du dérèglement climatique et la violence de ses effets (voir les 50° au Canada et les inondations en Europe) imposent pourtant d’en finir avec les demi-mesures et les lois édulcorées. Mesdames, messieurs les candidats à la Présidentielle, il faut une fois pour toutes faire de la transition écologique la base de toute politique publique, sans laisser quiconque sur le bord de la route.

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article