Une merveille d'authenticité et d'humanisme
Après deux très beaux films, "Les chansons que mes frères m'ont apprises" et "The rider", la cinéaste d'origine chinoise qui vit aux États-Unis depuis de nombreuses années, Chloé Zhao, a littéralement tout raflé avec son troisième film, "Nomadland" : le Lion d'or à Venise, trois Oscars, meilleur film, meilleure réalisation (c'est seulement la deuxième fois qu'une femme remporte cet Oscar) et meilleure actrice pour l'excellente Frances McDormand, deux Golden globes, quatre Bafta anglais. Cette razzia est totalement méritée, tant ce film est remarquable à tout point de vue. Fidèle à sa méthode immersive, Chloé Zhao met une nouvelle fois en lumière les laissés pour compte de l'Amérique profonde avec une tendresse infinie, en filmant de vrais nomades et en obtenant d'eux une émotion réaliste souvent bouleversante. Proche du documentaire par moments, la cinéaste prend le temps de donner la parole à ces déclassés qui se sont inventés un mode de vie alternatif pour faire face à un deuil, la pauvreté ou la maladie. Qu'elle filme les petits détails de la vie de son héroïne ou les grands espaces américains, la réalisatrice est toujours juste dans le choix de ses cadres, de sa mise en scène entre lyrisme et cinéma vérité, elle nous touche profondément.