Portrait sans concession et d'une grand beauté d'un génie
L’ambition d’Andreï Konchalovsky pour concevoir Michel-Ange est immense : comment élucider les tourments d’un artiste hors du commun, dont l’art sublime a perduré jusqu’à nous ? Avec ce vingt-quatrième long-métrage, le cinéaste russe inclassable de 83 ans, qui travailla longtemps avec Andreï Tarkowski et fut proche de Pier Paolo Pasolini, offre une réponse personnelle, une vision spectaculaire, dont la beauté est omniprésente. S’entourant d’historiens spécialistes de la Renaissance, huit années auront été nécessaires à la réalisation de ce film, dont le spectateur découvre, dès les premières images, le très haut niveau d’exigence. La reconstitution historique est en premier lieu renversante. Chaque plan ressuscite la magie de la Toscane d’alors, telle une succession de tableaux vivants invitant à la contemplation. Le film puise dans le néoréalisme italien pour retranscrire au plus juste l’essence et l’authenticité du peuple italien de la Renaissance à travers le parcours fiévreux de Michel-Ange, le cinéaste faisant de cet artiste virtuose, un être pauvre et crasseux. Sa violence est à la mesure de sa sensibilité, de sa fougue créatrice et de son opportunisme. Alberto Testone, choisi par le cinéaste pour sa ressemblance stupéfiante avec le maître, lui confère une présence impressionnante, un visage émacié et un regard profond, souvent halluciné. Loin du biopic traditionnel, ce très beau film excelle dans une mise en scène dépouillée et minimaliste, mis à part quelques séquences d'anthologie, et la photographie semble elle-même issue des œuvres picturales de l’époque.