Pour y voir clair !
A chaque fois qu’il s’est trouvé acculé, Nicolas Sarkozy a cherché à galvaniser ses troupes contre les juges, ce qui était une façon de se réarmer politiquement. Aujourd’hui, il récolte la monnaie de sa pièce et doit s’interroger sur l’opportunité de poursuivre cette surenchère de nature populiste, qui est non seulement devenue un piège pour lui mais un risque pour le pays.
Officiellement, l’Elysée et les membres du gouvernement, bien entendu, ne commentent pas une décision de justice, pour reprendre la formule consacrée. Mais le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, ex-directeur de campagne de M. Sarkozy en 2016, s’est fendu pour sa part d’un message public en direction de son ancien mentor. « Chacun sait l’affection, le respect, que j’ai pour Nicolas Sarkozy, qui a été un grand président de la République et qui, en ces moments difficiles, a évidemment mon soutien amical », a-t-il déclaré lundi. De quoi rendre furieuse une partie de l’opposition et de la magistrature. Evelyne Sire-Martin, présidente de chambre à la cour d’appel de Versailles a dénoncé, mercredi 3 mars, sur Franceinfo une « immixtion du pouvoir politique dans le fonctionnement de la justice ». La condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d’influence pourrait enfin sonner le glas de l’exception française appliquée aux politiques en exercice.
Voilà ce que l'on trouve dans le jugement du tribunal correctionnel : « Les délits dont les prévenus ont été déclarés coupables ont porté gravement atteinte à la confiance publique » ; « un tel comportement ne peut que nuire gravement à la légitime confiance que chaque citoyen est en droit d’accorder à la justice » ; « ce dévoiement portant lourdement atteinte à l’Etat de droit et à la sécurité juridique exige une réponse pénale ferme sanctionnant de manière adaptée cette atteinte à la confiance publique »
Cette première condamnation pour M. Sarkozy intervient alors qu’il doit de nouveau faire face à des juges, dès le 17 mars, pour le procès de l’affaire Bygmalion, portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012. Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Nicolas Sarkozy est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui portant sur les soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007. C’est dans le cadre de cette dernière affaire qu’il avait été placé sur écoute en 2013 et que les juges avaient découvert qu’il utilisait une ligne téléphonique secrète, ouverte sous le pseudonyme de « Paul Bismuth », pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Voir la lucide intervention du journaliste Fabrice Arfi dans l'excellente émission C ce soir, ici
https://twitter.com/MatthieuSuc/status/1367247407335940097?s=20
Mieux vaut en rire avec les dessins ci-dessous !