Douleur et gloire

Publié le par Michel Monsay

Douleur et gloire

Le Festival de Cannes va-t-il enfin attribuer sa Palme d'or à Pedro Almodovar ? On se demande encore comment "Tout sur ma mère" "Volver" ou "Julieta" ne l'ont pas obtenue ! Pour sa sixième participation en compétition officielle, le génial cinéaste espagnol de 69 ans pourrait bien cette fois-ci décrocher la mise tant son nouveau film est une totale réussite. Sans complaisance ni narcissisme, Almodovar se raconte dans un subtil mélange d'autobiographie et de fiction, à travers une narration fragmentée entre l'enfance et le présent qu'il organise à merveille. Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne s'épargne pas, cinéaste en panne d'inspiration et de désir, le personnage qu'interprète magistralement Antonio Banderas est en plus diminué par de nombreuses souffrances physiques, et il essuie même les terribles reproches que lui fait sa mère quelques jours avant sa mort. Malgré ce tableau assez noir où l'on ne sait pas exactement la part de réalité et celle de fiction, mis à part les vêtements et l'appartement qui sont identiques, le film est bouleversant, drôle et d'une beauté présente à la fois dans les cadrages, Almodovar filme magnifiquement les visages, mais aussi dans les décors et les moindres objets. Le talent du cinéaste s'apprécie aussi dans sa direction d'acteurs, comme toujours impressionnante, et dans sa capacité à provoquer une émotion pure, belle, simple comme peu d'autres savent le faire. Du petit garçon qui interprète le cinéaste enfant jusqu'à sa mère mourante, tous les comédiens donnent remarquablement corps à cette histoire, celle d'un artiste à la recherche d'un second souffle qui va puiser dans son passé les mystères de l'inspiration et du désir. Littéralement envoûtant.

Publié dans Films

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