Ça raconte Sarah

Publié le par Michel Monsay

Ça raconte Sarah

Écrire un premier roman, qui raconte une passion amoureuse, est une sacrée gageure si l'on veut se faire remarquer tant le sujet a été épuisé jusqu'à la corde par plusieurs générations d'écrivains. Pourtant ce qu'a réussi Pauline Delabroy-Allard, documentaliste de 30 ans au lycée Michelet de Vanves, est un miracle de poésie, de fulgurance, de sensualité, d’exaltation. Son écriture puissante, où chaque mot vibre de la passion incontrôlable que l'auteur décrit si bien autant dans la douceur, la jouissance, l'euphorie, que dans la douleur et le déchirement, nous aspire dès les premières phrases sulfureuses et dramatiques du prologue. Le roman est construit en deux parties diamétralement différentes à la fois dans le rythme mais aussi sur le fond, où l'introspection de la narratrice dans la deuxième partie répond à la fièvre et la fougue de cette rencontre entre deux femmes que tout oppose, l'une menant une existence sans remous ni surprises, seule avec sa fille après que le père ait disparu du jour au lendemain, l'autre exubérante, excessive, dévorant la vie par tous les bouts. Cette histoire qui s’apparente à un premier amour, les deux femmes n'ayant connu jusque-là que des hommes dans leur vie, n'est en aucun cas un manifeste homosexuel, il s'agit plutôt de plonger le lecteur au cœur d'un ouragan émotionnel dont il ne sort pas indemne. Il y a du Marguerite Duras dans ce roman où la narratrice est un peu un double de Pauline Delabroy-Allard, on y découvre un style singulier fait de phrases et de paragraphes courts, de leitmotivs, une langue charnelle, enflammée, virtuose qui font de cet écrit l'un des plus beaux sur l'amour fou, ses immenses bonheurs et ses ravages.

Publié dans Livres

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