La mule

Publié le par Michel Monsay

La mule

L'impressionnante filmographie de Clint Eastwood n'a pas fini de nous étonner, même si parfois il y a quelques ratés, le dernier en date est une très belle réussite, d'autant qu'à 88 ans l'acteur cinéaste est remarquable devant et derrière la caméra. Très loin de l'image de justicier qu'il a pu avoir, de héros ou d'antihéros dans des films crépusculaires, il apparaît ici un peu gauche, dépassé, voûté, mari et père repentant de ne pas avoir été à la hauteur, même si derrière cette vieillesse qu'il montre sans fard pointe une malice et une certaine ressource. Il joue aussi avec l'image réactionnaire qu'on lui a souvent prêtée, et on peut certainement trouver une part d'autoportrait dans le personnage qu'il interprète, un vieil homme égoïste qui n'a vécu que pour sa passion. Si l'émotion affleure par moments dans cette histoire en demi-teinte, c'est avant tout l'humour et la fantaisie qui en ressortent comme étant le fil conducteur, le cinéaste trouvant le parfait dosage pour réussir un film à la fois drôle et poignant. On sent qu'il a pris beaucoup de plaisir à camper ce personnage d'une douce amoralité, allergique au politiquement correct et portant sur son pays un regard amusé voire caustique. Ce grand acteur cinéaste, dans un registre inhabituel, surprend son monde dès les premières images et au fil de l'intrigue, malgré les défauts et les erreurs que cet homme a commises, nous touche profondément.

Publié dans Films

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