Comme du Pagnol de gauche
On ne présente plus Robert Guédiguian, qui depuis 35 ans nous offre régulièrement des moments de grâce avec quasiment toujours la même troupe de comédiens, chose extrêmement rare pour être soulignée, et sa région marseillaise où il a tourné quelques uns de ses meilleurs films, de Marius et Jeannette aux Neiges du Kilimandjaro. A 63 ans, il signe un 20ème film qui revient aux fondamentaux du cinéaste où l‘on retrouve la fine équipe, qui a pris un petit coup de vieux donnant ainsi matière au temps qui passe, et les environs de Marseille puisque l’action se passe dans la très belle calanque de Méjean. Travailler avec les mêmes acteurs offre au cinéaste le luxe de prendre un extrait d’un de ses premiers films pour illustrer la jeunesse des protagonistes dans le nouveau, créant ainsi un moment très étonnant. La lumière du Sud, la caméra bienveillante et toujours à la bonne place, cette calanque comme un théâtre à ciel ouvert, les dialogues sans artifices et humanistes, mais aussi ces comédiens que l’on apprécie de retrouver de film en film, égaux à eux-mêmes, avec des plus jeunes entrés dans la famille depuis quelques temps, qui apportent une délicieuse fraîcheur, comme Robinson Stévenin, Anaïs Demoustier ou Yann Tregouët. Un vieil homme sur la terrasse de sa villa ouverte sur la Méditerranée est victime d’un AVC dont il réchappe, mais qui le laisse dans un état végétatif sans savoir le temps qui lui reste. Le notaire réunit les trois enfants auprès de leur père, dont le fils ainé resté vivre sur place, son frère désabusé qui vient d’être poussé vers une retraite anticipée, et la sœur comédienne de théâtre qui n’a pas remis les pieds dans la villa familiale depuis longtemps. Sous ses airs mélancoliques, ce très beau film réserve plusieurs surprises autant dramatiques que pleines d’espoir, dans lequel le cinéaste aborde de nombreux thèmes comme le sens perdu de l’honneur et de la générosité, le monde qui change, la fidélité à nos idéaux, les regrets d’une vie qui passe trop vite, et bien d’autres qui sont tous traités avec une belle lucidité sans ne jamais sombrer dans le défaitisme.
La villa - Un film de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, …