Un grain de folie très émouvant

Publié le par Michel Monsay

Un grain de folie très émouvant

Devenue depuis une vingtaine d’années un personnage important du cinéma français à la fois en tant que comédienne, scénariste et réalisatrice, Noémie Lvovsky nous enchante une nouvelle fois dans son nouveau film, cinq ans après le très réussi « Camille redouble ». Pour son sixième long-métrage, la cinéaste confirme son talent dans le genre si difficile de la comédie dramatique, à la fois devant et derrière la caméra, en trouvant la juste mesure pour autant nous émouvoir que nous faire rire. A travers une histoire qui alterne des moments de grâce et d’autres plus sombres, Noémie Lvovsky nous plonge au cœur d’une relation mère-fille, en mettant en avant la capacité d’un enfant à s’adapter à une situation compliquée lorsqu’un parent est défaillant et que les rôles s’inversent. Elle magnifie l’amour indéfectible qui existe entre ces deux êtres malgré la folie douce qui s’empare progressivement de la mère. La jeune fille qui porte une partie du film sur ses épaules est remarquable de malice et d’intelligence dans son jeu, de même que Noémie Lvovsky qui incarne avec une grande sensibilité cette mère qui perd pied. Dans une cour d’école où tous les enfants jouent, une fille de 9 ans reste dans son coin alors que les autres la traitent de sorcière. Pourtant rien ne paraît justifier cette mise à l’écart. Lorsqu’elle est reçue dans le bureau de la directrice avec sa mère, celle-ci a un comportement quelque peu bizarre à cause d’une faute de syntaxe tout en paraissant souriante et décontractée. La directrice complimente la fillette sur ses notes mais fait remarquer qu’elle a du mal à se faire des amis et demande si tout va bien à la maison, ce à quoi la mère répond positivement avant de faire monter sa fille, sans ses chaussures, sur le bureau de la directrice afin qu’elle puisse voir un nid dans un arbre derrière la fenêtre. Ce très joli film d’une grande tendresse, qui n’hésite pas à basculer dans la noirceur de la folie, se déroule à la lisière du conte tout en étant ancré dans la réalité, et nous fait ressentir une large palette d’émotions que le cinéma peut apporter lorsqu’un artiste est si juste dans la retranscription des sentiments.

 

Demain et tous les autres jours - Un film de et avec Noémie Lvovsky, avec Luce Rodriguez, Mathieu Amalric, Anaïs Demoustier, …

Publié dans Films

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article