Un drame époustouflant de retenue et de maîtrise

Publié le par Michel Monsay

Un drame époustouflant de retenue et de maîtrise

Il est des films à ne rater sous aucun prétexte tant leur pouvoir nous procure des émotions qui nous marquent à jamais, et nous font considérer le cinéma comme un art majeur. Pour son troisième long-métrage, ce réalisateur et dramaturge américain trop rare de 54 ans nous offre une merveille de mélodrame, d’une justesse qui laisse sans voix, n’usant d’aucun effet pour alourdir le propos et se permettant même des moments plus légers, sans que cela n’altère le rythme et l’équilibre parfait de ce scénario consacré par un Oscar. Si ce film a été unanimement salué comme un chef-d’œuvre par la critique et le public qui a eu le bonheur de le voir, il l’est par sa mise en scène lumineuse, précise, sa construction éblouissante de maîtrise et d’intelligence, son réalisme qui ajoute de l’intensité à la puissance émotionnelle de cette chronique familiale et sociale. Il l’est aussi par son lyrisme tout en finesse, sa caméra pudique mais toujours là où il faut, son interprétation irréprochable avec en son point culminant, Casey Affleck, prodigieux de souffrance et de violence intériorisée, dont la performance a été récompensée par de nombreux prix dont l’Oscar du meilleur acteur. Après un prélude sur un petit chalutier où un homme et son jeune neveu se chamaillent et se taquinent gentiment, le film démarre à Boston en hiver où l’on retrouve cet homme, la quarantaine, en train de déblayer la neige devant un immeuble, réparer une chasse d’eau, changer l’ampoule d’un plafonnier, jeter les poubelles, dégorger des toilettes bouchées. Employé à tout faire dans quatre immeubles d’un quartier populaire, il semble accepter son sort avec résignation même si parfois certains locataires, des enquiquineurs de première, se plaignent de son côté bourru et peu aimable. Le soir il va boire des bières en solitaire et lorsqu’il se fait draguer, il semble absent et préfère provoquer une bagarre avant de rentrer chez lui et s’endormir devant un match de basket à la télé. Le lendemain, un appel téléphonique le prévient que son frère a eu de nouveau une crise cardiaque, il saute dans sa voiture pour se rendre à l’hôpital de Manchester by the sea situé à 1h30 de Boston. Lorsqu’il y arrive, son frère est déjà mort. Tout au long de ce film inoubliable, le cinéaste nous livre avec une infinie délicatesse des éléments qui vont contribuer à mieux comprendre les personnages, les relations difficiles qu’ils peuvent avoir entre eux, et à donner à son cinéma intimiste une ampleur et une portée bouleversantes.

 

Manchester by the sea – Un film de Kenneth Lonergan avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, … - Universal – 1 DVD : 19,99 €.

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