« La prochaine PAC devra accompagner les agriculteurs vers un modèle durable »

Publié le par Michel Monsay

« La prochaine PAC devra accompagner les agriculteurs vers un modèle durable »

Député européen socialiste depuis 2012 pour la circonscription du Grand Sud-ouest, Eric Andrieu est aussi premier Vice-président de la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen. Il a été élu fin janvier 2017 porte-parole des socialistes et démocrates européens pour l’agriculture.

 

En quoi consiste l’accord économique et commercial nommé CETA, et quels en sont les risques potentiels?

Eric Andrieu - Le CETA, constitue le premier accord de libre-échange d’envergure signé par l’Union européenne (UE). Il aura pour principales conséquences de supprimer près de 99% des droits de douane et d’établir des normes réglementaires communes entre les deux puissances commerciales, l’UE et le Canada. Cet accord donnera le « la » pour les prochaines négociations qu’aura à mener la Commission européenne dans les années à venir. Dès lors, la plus grande précaution s’impose lorsqu’il s’agit de valider un tel accord. Or, trop d’incertitudes entourent le contenu du CETA. Incertitudes juridiques sur l'indépendance et l'impartialité des tribunaux d'arbitrage censés traiter des litiges entre investisseurs et États. Incertitudes économiques ensuite : selon une étude américaine, le CETA entraînerait la perte de plus de 200 000 emplois en Europe, dont 45 000 en France. Au niveau de l’agriculture, il risque de mettre en péril notre filière bovine, déjà à bout de souffle, en ouvrant le marché européen à 50.000 tonnes de viandes bovines nourries au maïs OGM, aux antibiotiques et aux farines animales. Enfin, le CETA n’intègre pas l’urgence climatique et environnementale, pas plus que le principe de précaution.

Pour toutes ces raisons, avec l’ensemble des eurodéputés socialistes français, nous nous sommes opposés à cet accord, contrairement à la droite française et une majorité de parlementaires, qui ont voté pour le CETA le 15 février dernier. L’accord doit désormais obtenir l'aval du Parlement canadien avant son entrée en vigueur provisoire, probablement en juillet. S’agissant d'un accord dit mixte, les parlements nationaux, devront aussi se prononcer. Certains volets de cet accord, comme par exemple le mécanisme de résolution des litiges entre investisseurs et États, n'entreront pas en vigueur avant que tous les états membres aient ratifié le CETA.

 

Quels sont les enjeux de l'élection présidentielle au niveau de l'Europe ?

E.A. - Le premier enjeu de ce scrutin est de savoir si nous souhaitons rester ou non dans l’Union européenne et à quelle Europe nous aspirons. Une Europe libérale, une Europe solidaire ou une Europe des nations ? Une Europe mondialiste et libre-échangiste comme le préconisent M. Fillon et M. Macron, qui se sont exprimés pour le CETA, ou une Europe plus protectionniste, réorientée sur le marché européen et la défense de nos territoires ? En tout état de cause, le futur Président français devra prendre toute sa part dans la future orientation de l’Union Européenne. Le repli sur soi et la défiance actuelle légitime de nos concitoyens vis-à-vis de l'Europe doivent être transformés en une opportunité. Celle de redéfinir, avec les États membres qui le souhaitent, un vrai projet européen, plus intégré. Il est urgent de sortir de la dérive libérale actuelle et d’associer davantage le citoyen au projet européen.

 

Comment faut-il interpréter le pessimisme de Jean-Claude Juncker et son renoncement à briguer un second mandat ?

E.A. - Le pessimisme de Jean-Claude Juncker et son renoncement à briguer un second mandat sont deux choses distinctes. Le Président de la Commission européenne semble privilégier une Europe à plusieurs vitesses, ce que je partage. En tout état de cause, face au nouveau contexte international, nous avons besoin d’une Europe plus forte qui défende nos concitoyens, aussi bien à l'intérieur qu’à l'extérieur de nos frontières. Cela passe par une Europe de la Défense. L’Union doit enfin assurer son rôle avec conviction et redevenir cette puissance d'équilibre dont le monde a aujourd'hui tant besoin. Alors que nous venons de célébrer le soixantième anniversaire du Traité de Rome, l'idée européenne n'a jamais fait plus sens qu'aujourd'hui : nous avons besoin de davantage de solidarité et de coopération entre les peuples.

 

Pourquoi la PAC actuelle ne convient-elle pas et que faudrait-il changer dans la future PAC ?

E.A. - La Politique agricole commune ne satisfait ni les agriculteurs, ni les organisations environnementales, ni les citoyens qui sont également contribuables. Elle doit être réformée. Les rénovations successives adoptées depuis 1992 ont favorisé les modèles d’exploitation intensive orientés vers les marchés à l’export, eux-mêmes alignés sur les prix bas mondiaux, au détriment des structures familiales, pourtant plus performantes en termes d’emploi et plus résilientes. Nous devons mettre fin au libéralisme actuel dévastateur pour les agriculteurs, l’emploi, l’économie de nos territoires, et dangereux pour notre sécurité alimentaire. Le marché seul ne peut pas tout réguler.

La future PAC devra, en premier lieu, répondre à la question de la volatilité des prix afin de stabiliser les revenus de nos agriculteurs et leur permettre de vivre décemment de leur travail. Cela passe par un rééquilibrage de la valeur ajoutée en faveur des agriculteurs au sein de la chaîne alimentaire, une adaptation de la politique de la concurrence aux spécificités de l’agriculture, une amélioration dans la cohérence des dispositifs de gestion des risques et, enfin, par le rétablissement d’outils publics afin d’équilibrer l’offre et la demande.

 

Souhaitez-vous une PAC environnementale et comment devra se comporter la politique commerciale européenne vis-à-vis de la PAC ?

E.A. - La prochaine PAC devra accompagner les agriculteurs vers un modèle durable qui préserve la biodiversité et les ressources naturelles. Cette nouvelle PAC devra promouvoir une agriculture qui contribue aux objectifs de la COP21, et en fait un acteur clé de la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, il s’agira de re-territorialiser la Politique agricole commune. L’agriculture reste une activité structurante pour les territoires, qu’il faut valoriser.

La politique commerciale européenne devra être en cohérence avec la PAC si l’on veut préserver notre modèle agricole et nos territoires. Cela implique de lutter contre le dumping sanitaire social et économique, en interdisant les importations de denrées agricoles qui ne respectent pas les mêmes règles sanitaires, sociales et environnementales, mais aussi, d’exclure systématiquement nos filières sensibles des négociations commerciales.

 

Comment expliquez-vous que Mme Le Pen soit au deuxième tour malgré les affaires qui la concernent et quelles conséquences auraient ses propositions pour notre agriculture ?

E.A. - Le vote Le Pen est un vote antisystème. Dès lors, les révélations des affaires qui touchent le Front National, bien qu’elles soient nettement plus nombreuses qu’au sein des autres formations politiques, n’affectent que très peu son électorat, voir confortent le discours victimaire de Mme Le Pen.

La victoire de Marine Le Pen serait catastrophique pour l’économie française. Dans le domaine agricole, la sortie de l’euro entrainerait automatiquement une hausse massive des taux d’intérêt et empêcherait nos agriculteurs d’emprunter, et, de ce fait, de se développer. Par ailleurs, la sortie du marché intérieur aurait un effet dévastateur sur notre agriculture. Aujourd’hui, nous exportons plus de 63% de nos produits agricoles vers nos voisins européens. Enfin, que pèsera la France seule dans les négociations à l’OMC face aux géants que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, ou encore le Brésil ? Face aux crises, nous avons besoin d’une approche commune et non l’inverse !

 

 

Quelques repères

Originaire de Narbonne, Eric Andrieu s’est formé à l’Institut agronomique méditerranéen. Il a été conseiller général de l’Aude avant d’en devenir vice-président puis conseiller régional du Languedoc-Roussillon avant d’en devenir également vice-président. A 56 ans il est très impliqué dans les questions agricoles, au Parlement européen où il est député depuis 2012, et aux côtés de Benoit Hamon dont il est le porte-parole pour l’agriculture, l’alimentation et le développement rural.

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