« Beaucoup de familles musulmanes s’investissent dans le monde agricole »

Publié le par Michel Monsay

« Beaucoup de familles musulmanes s’investissent dans le monde agricole »

Nommé Président du Rassemblement des musulmans de France en 2007, Anouar Kbibech, 53 ans, est aussi vice-président du Conseil français du culte musulman. Ingénieur des ponts et chaussés, titulaire d’un mastère en aménagement et maîtrise d’ouvrage urbaine, il est également directeur de systèmes d’information chez SFR.

 

Quelle est la relation de votre religion avec l’agriculture et l’environnement ?

Anouar Kbibech - Cette relation considère que la nature est la création de Dieu, au même titre que l’Etre-humain. L’Islam nous incite à respecter la nature sous toutes ses formes : animaux, eau, plantes, … .

Du coup, l’adoration envers Dieu ne s’arrête pas au fait de s’acquitter des œuvres spirituelles telles que la Prière ou le Jeûne. Mais elle englobe aussi les prescriptions qui protègent la vie et la nature.

Cette relation considère également que la nature a été créée par Dieu pour être au service de l’Homme.

 « Que l’Homme considère donc sa nourriture : c’est Nous qui versons l’eau abondante, puis Nous fendons la terre par fissures, et y faisons pousser grains, vignobles et légumes, oliviers et palmiers, jardins touffus, fruits et herbages, pour votre  jouissance vous et vos bestiaux.»

Le monde agricole est très fortement ancré dans la tradition française. L’agriculture est très représentative du terroir français. 

Beaucoup de familles musulmanes s’investissent dans le monde agricole, notamment dans le Sud de la France.

Aujourd’hui, le monde agricole est confronté à plusieurs problématiques qui peuvent nous interpeller.

L’agriculture est un acteur majeur dans la politique de la « sécurité alimentaire » pour préserver l’avenir de l’humanité.

L’agriculture doit également relever le défi de la productivité !

Cette productivité doit-elle se faire à tout prix …  même au détriment du bien-être animal ?

La réponse est clairement non ! En la matière, la faim ne peut justifier les moyens.

 

Quelles sont les pratiques alimentaires spécifiques à votre religion et en quoi consistent-elles ? Sont-elles respectées par l’ensemble de la communauté ? Ont-elles évolué avec le temps ?

A.K. - Les pratiques alimentaires correspondent à des prescriptions bien identifiées dans le Coran. Les musulmans sont très attachés à l’accès à des produits alimentaires Halal.

Halal est un terme arabe qui signifie permis ou licite pour les musulmans.

Le contraire de Halal est Haram qui signifie interdit ou illicite.

Pour que la viande soit Halal, le sacrifice doit être rapide pour être le moins douloureux possible. Le sang doit être évacué et le sacrificateur musulman doit prononcer la formule religieuse en égorgeant l’animal, la tête tournée vers la Mecque.

Il faut bien noter que dans l’abattage rituel, l’Islam est très attentif à la non-souffrance de l’animal. Toutes les dispositions doivent être prises pour soulager l’animal.

Face à l’utilisation parfois abusive du terme Halal, le consommateur musulman s’inquiète du manque de rigueur et exige plus de transparence.

Le nombre d’intervenants et la multiplication des manipulations augmentent le risque d’erreurs voire de fraudes.

Le Conseil Français du Culte Musulman a recommandé aux acteurs concernés de rationaliser l’organisation de l’Abattage rituel et de fiabiliser les engagements pris.

 

Comment votre religion a-t-elle évolué ces dernières années notamment sur les questions de bioéthique (santé, OGM) ?

A.K. - L’Islam est ouvert au progrès scientifique qui permet à l’Humanité d’ouvrir de nouveaux  horizons.

Cependant, certaines manipulations génétiques, et leur application dans le monde de l’agriculture, nous interpellent.

Ainsi, rejetant toute notion de doute, notamment sur les effets à long terme sur l’espèce humaine, l’Islam rejette toute utilisation des OGM.

Plus globalement, la jurisprudence islamique (Fiqh) est amenée à répondre à des questions posées par certaines avancées technologiques (don des organes, clonage, …).

Il est alors proposé de créer des Comités pluridisciplinaires regroupant plusieurs spécialistes dans le domaine de la biotechnologie, de l’environnement ainsi que des responsables religieux pour étudier ces nouvelles technologies et leurs impacts sur l’être humain et sur l’environnement.

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